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Les Prédictions du NiemanLab pour 2018


Comme chaque année — et à l’instar du Reuters Institute — le NiemanLab publie ses prédictions pour le journalisme et les médias numériques. Plus d’une trentaine d’experts livrent leur vision pour 2018, entre chaos à venir et opportunités réelles, le monde de la presse et des médias tente de survivre au digital. Parmi eux Alice Antheaume — avec qui j’ai le plaisir de collaborer à l’école de journalisme de Sciences Po — et Frédéric Filloux que j’ai eu le plaisir de rencontrer en décembre dernier à l’occasion d’une des sessions de l’executive Master Management des Médias et du Numérique que je suis.
Au menu cette année restructurations, achats et vente de titres et de groupes de presse. Le modèle économique parfait échappe toujours aux éditeurs qui tentent diverses approches pour diversifier le mix de revenus. Abonnements, activité commerciale, pub, licencing, évènements, les formats et les tests se succèdent. Une chose est sûre tout le monde a bien compris maintenant qu’il était temps de revenir vers le lecteur, l’utilisateur et d’offrir une expérience à haute valeur ajoutée. En France les publications dites « complémentaires » comme AOC, l’Ebdo, le Média tablent majoritairement sur des modèles d’abonnement en mettant en avant leur singularité éditoriale pour attirer les paires d’yeux.
Le retour de l’éthique, de la transparence, de la mixité et de l’engagement moral occupe le devant de la scène en 2018. Après les dernières élections en Europe comme aux US, l’affaire Wenstein (dont l’onde de choc n’aura pas épargné le monde des médias) et les évènements de Charlotte Ville, la presse se voit contrainte — enfin — à réagir et adopter des positions plus en phase avec la réalité sociétale qui l’entoure.
[bctt tweet=”“If journalists want the public to listen, then journalists have to listen to the public. If journalists want the public to care, then journalists have to care about the public.” Molly de Aguiar (Good journalism won’t be enough)” username=”journalism_D”] Coté technologique on ne parle plus que d’intelligence artificielle. En réalité, une intelligence faible qui se résume bien souvent à un paquet de bullshit enrobant un algorithme d’analyse de données. Ceux qui n’auront pas succombé au pivot vidéo se perdront peut-être dans ce nouvel Eldorado contrôlé depuis belle lurette par les GAFAs. Pas de salut pour ceux d’entre eux qui n’auront pas mis en place les outils nécessaires pour récupérer le maximum de donnée de leurs utilisateurs afin d’améliorer l’expérience et l’offre éditoriale.
Évidemment les GAFAs réveillent de plus en plus les éditeurs en pleine nuit, cachés sous leur lit, soufflant quelques atroces cauchemars. Facebook n’est plus un problème ni un partenaire, il devient pour certains l’ange de la mort qui à coup de changements d’algorithmes coupe de plus en plus les liens entre le public et les journalistes, les médias et la société. Le challenge en 2018 sera de trouver une voie d’échappatoire, un antidote anti-plateforme pour résister à l’érosion publicitaire online désormais presque entièrement captée par les géants californiens.
Je vous laisse découvrir la suite des analyses du NiemanLab et de ses contributeurs. L’ensemble se picore à l’envi, en fonction des thématiques, devant un bon café.

Gerald Holubowicz
https://geraldholubowi.cz
Ancien photojournaliste et web-documentariste primé, je travaille désormais comme chef de produit spécialisé en innovation éditoriale. J’ai notamment collaboré avec le journal Libération, les éditions Condé Nast, le pure player Spicee et le Groupe les Échos/le Parisien. À travers mon site journalism. design, j’écris sur le futur des médias et étudie l’impact des réalités synthétiques — notamment les deepfakes — sur la fabrique de l’information. Après 10 ans d’interventions régulières auprès des principales écoles de journalisme reconnues, j’interviens désormais à l’École de Journalisme et au Centre des Médias de Sciences Po à Paris.